Voyageur
Sous la frange châtain et blondie
Que par réflexe j’ai relevée
Photo de ce visage rougi
Que je n’ai jamais oublié
Payant mon tribut aux années.
Au revoir humides, déchirants
Ton écharpe qui flottait à quai
Par-delà les outrages du temps
L’image est restée comme figée
Je ne l’ai jamais oubliée.
Une vie bien comblée de voyages
Hanter les aéroports, les gares
Comme pour oublier les outrages
De l’esprit qui souvent s’égare
Des pensées éliminatoires.
Mû par le roulis morbide
Le rythme imposé, continu
De la réalité sordide
Dont nous sommes les détenus
Charrie les âmes irrésolues.
Dans le wagon errer, hagard
Avec juste l’envie de hurler
Ce poème en réquisitoire
Un peu désuet et déprimé
Renier ma propre identité.
Voyager, pour aller nulle part
De peur de ne pas y arriver
Voyager, jusqu’au grand départ
Faire quelque chose, juste essayer
D’avoir l’impression d’exister.
En bouche, déjà, le goût des cendres
Je n’arrive plus à quantifier
Les bien trop mornes mois de novembre
Les opportunités manquées
Le nombre de trains que j’ai ratés.
- Atelier d’écriture du 26 avril 2021
- Thème : Train
- Forme libre
- 40 mn